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Discrétion estivale

24/06/2022

Discrétion estivale

L’été n’est pas la meilleure saison pour observer les oiseaux. Ils se cachent, se font discrets, tout occupés à mener à bien leurs nichées. Jusqu’à trois pour le merle noir et souvent deux pour les mésanges et autres petits passereaux.
On voit donc peu d’agitation à l’exception des allées et venues entre les nids et les buissons et autres points de recherche de nourriture. Les adultes se reconnaissent facilement à leurs plumes fatiguées, souvent en partie cassées avec au bec soit des insectes, chenilles et autres aliments pour les poussins, soit les petits sacs blancs rejetés par les oisillons et que les parents prennent soin d’évacuer du nid pour éviter maladies, souillures et trop grande visibilité.

 

Mésange noire -  ©Elisa Mouquet (Flickr)


Pour voir des oiseaux différents de ceux de notre quotidien, il faut savoir où aller les observer à ce moment de la saison. C’est souvent dans les marais, les roselières et les abords des plans d’eau qu’on peut entendre et apercevoir les rousseroles turdoïdes et effarvattes (petites fauvettes brunes très discrètes) qui chantent encore et surveillent leur ennemi héréditaire : le coucou gris.

 

Depuis son arrivée à mi-avril, il a beaucoup chanté pour attirer les femelles et celles-ci sont maintenant absolument silencieuses, guettant l’espèce spécifique qu’elles vont parasiter en pondant un œuf unique dans le nid qu’elles ont longuement repéré. Le crime parfait puisque chaque coucou pond des œufs de la teinte et presque de la taille de l’espèce qu’il parasite. Ni vu ni connu le poussin éclosant plus vite que ses frères et sœurs d’adoption s’emploiera avec énergie à évacuer œufs et poussins pour accaparer les parts de nourriture qu’amèneront les pauvres parents inconscients de s’être fait berner.

 

Rousserole effarvatte nourrissant un coucou gris - droits réservés (Wikipédia)

 

Le jeune coucou apprendra seul à se débrouiller, se nourrissant de chenilles urticantes et autres larves puis vers la mi-juillet et de nuit, il partira vers l’Afrique selon des routes connues de son espèce. Ses géniteurs l’auront devancé car le coucou fait partie des premières espèces à migrer de nos régions.

 

Canards col vert - ©Gilles Péris y Saborit (Flickr)

 

Bien empêchés de le faire, d’autres espèces devront être patientes. Il s’agit des canards dont le plus connu est le colvert. En juillet, c’est la mue. Les belles couleurs du printemps disparaissent et durant une quinzaine de jours, les plumes des ailes tombent, rendant impossible le vol. Les oiseaux se cachent donc au mieux et il est impératif d’éviter de les déranger. Ironie du sort, ils ne retrouveront leurs capacités de vol qu’en août quand les chasseurs les guetteront pour l’ouverture de la chasse.

 

Hirondelles - ©Bernard Fidel (Flickr)


Qui dit migration pense aussitôt aux hirondelles mais pour elles juillet est d’abord le temps de l’envol des poussins puis d’une seconde nichée si les ressources sont abondantes. Nous aurons donc le plaisir de les voir tourbillonner encore quelques semaines là où elles nichent et le jeu sera de reconnaître les adultes (queues longues) et les jeunes (vol maladroit, ailes et queues encore courtes).

 

Milan noir - ©Jacques Chibret (Flickr)

 

Et puis il sera temps de dire au revoir à nos plus spectaculaires migrateurs : le premier août est la date de départ des martinets, des milans noirs et des rossignols. Dates à noter d’une année sur l’autre pour tenter de comprendre si nos oiseaux parviennent à s’adapter au climat et à survivre. Et penser que le plein été marque aussi l’arrivée prochaine de l’automne.


Profitons des beaux jours.

Juin au nichoir

27/05/2022

Juin au nichoir

Les grosses chaleurs de ce mois de mai préfigurent ce que sera juin : calme et discrétion chez les oiseaux, il fait bien trop chaud pour dépenser de l’énergie à chanter et à défendre un territoire. 
D’ailleurs ils ont bien d’autres choses à faire et les imprévoyants qui n’ont pas réservé leur zone à grand coups de chants , cris et autres manifestations bruyantes sont déjà dans la perspective du départ. Pour eux, la nichée ce sera pour l’an prochain.

 

Mésange bleue - ©okimh67 (Flickr)

 

Pour ceux qui sont installés, la fabrication des nids occupe largement les journées (2000 plumes dans un nid de mésange à longue queue soit autant de voyages vu la taille de la bestiole). La prudence est d’ailleurs de mise car les pies, les geais et les corneilles guettent ces passages réguliers et ne manquent jamais d’aller piller les œufs ou les poussins des imprudents.
Donc le silence est de mise en juin sauf en soirée où les merles annoncent leurs deuxième ou troisième nichée et les rossignols, bien à l’abri sous les buissons se font entendre encore un peu.

 

Miam - ©fra298 (Flickr)


Pour l’observateur, le mois de juin fait plus appel à l’œil qu’à l’oreille : les va et vient des mésanges (bleues et charbonnières), les vols de chardonnerets vers les haies ou les plongeons des merles dans les broussailles indiquent les nids et les becquées d’insectes, chenilles ou papillons, la toute fraîche naissance des oisillons.
Bien entendu, pas question de déranger, d’écarter les branches pour mieux voir, ce serait laisser la voie ouverte aux chats et autres croqueurs de nichées.

 

Dans notre commune riche d’un passé boisé de châtaigniers et riveraine du lac, un drôle d’oiseau devait nicher autrefois qu’il serait intéressant de rechercher aujourd’hui : le Harle bièvre.

 

Harle bièvre mâle - ©peuplier (Flickr)

 

C’est un canard bien particulier, en limite de son aire de répartition, adepte des nids dans les vieux arbres et en particulier les chênes et les châtaigniers qui offrent des branches creuses et des cavités suffisamment grandes pour l’accueillir.  Doté d’un bec crochu, long et porteur de « dents », le mâle est l’un des plus beaux canards du lac : tête vert mordoré, bec rouge sang, dos vert et blanc et pattes rouges . Pour une fois la femelle n’est pas en teste : tête rousse avec une jolie huppe, gorge blanche et dos gris, ce sont tous deux des plongeurs adeptes de poisson.
En mai ils survolent les forêts et cherchent dans les grands arbres les cachettes possibles. A la naissance, les poussins sautent du nid dans le vide, atterrissent comme ils le peuvent sur le sol forestier et suivent leur mère par les chemins, routes et ruisseaux jusqu’au lac.
Qui peut se vanter aujourd’hui d’avoir vu ce défilé de boules de plumes ? Il devait pourtant être fréquent entre les marais de Neuvecelle, le long du Forchex et des chemins menant au lac.

Le printemps des oiseaux

23/03/2022

Le printemps des oiseaux

Elle est bien connue l’impatience du jardinier. Aux premiers rayons du soleil, l’envie de sortir et d’agir est là. Pourtant la patience doit être de mise : l’hiver n’est pas fini. Pour s’en convaincre il suffit d’observer les oiseaux qui tournent autour des maisons : mésanges, pinsons et moineaux restent en petits groupes, en bandes qui enchaînent les points où la nourriture est présente, bien loin de leurs habitudes de solitude ou de couples de la belle saison.


C’est d’ailleurs un des petits plaisirs de l’hiver que de voir défiler à la mangeoire les pinsons, tarins, verdiers, chardonnerets, rouge gorge, sizerins, mésanges et autres accenteurs qui réduisent leurs distance de fuite, quittent les forêts et se rapprochent des maisons. 

 

Chardonneret - ©L'agastache

 

Ils sont malheureusement bien moins nombreux aujourd’hui et surtout bien moins divers, et bienheureux qui peut apercevoir encore le pic épeiche ou le pic vert alors que nous sommes dans un biotope parfait pour toutes ces espèces.
Le réchauffement climatique est passé par là et surtout l’usage croissant des pesticides qui détruit les espèces, modifie les régimes alimentaires et stérilise les couvées.

Les oiseaux sont un bien précieux en grand danger. Un jardin accueillant, des haies variées, du jardinage naturel et une belle diversité de plantes (n’arrachez pas tout en automne, laissez grainer cosmos et tagettes) sont autant d’atouts pour contribuer, à notre échelle, à une action positive pour les oiseaux.
Si vous nourrissez les oiseaux, n’arrêtez pas avant fin mars et la sortie des premiers insectes (pucerons, chenilles, etc....) : les oiseaux ont modifié leurs régimes alimentaires en ayant la capacité de digérer les graines (les mésanges en particulier) et quasiment perdu la capacité à digérer autre chose (chenilles, insectes, etc.…) qui constitue leur régime normal. Évitez donc les boules de graisse animale, qui stimulent le changement de régime et déstabilise les   oiseaux en avançant les phénomènes de reproduction en décalage avec la réalité de la saison.
Et pensez à noter vos observations. Un projet à réfléchir : établir ensemble un atlas des oiseaux d’hiver de la commune et pourquoi pas ensuite celui des oiseaux nicheurs, des migrateurs et des visiteurs rares (il y en a).

 

Avril, le meilleur moment
Les fauvettes sont parmi les tous premiers migrateurs à revenir dans nos jardins, la fauvette à tête noire est sans doute la plus facile à repérer…à l’oreille. Une phrase mélodieuse et surtout très puissante signale son arrivée. On l’entendra régulièrement toute la journée jusqu’à mi juin avant de voir les adultes occupés à leurs nichées dans les buissons. Mâles avec un petit bonnet noir et femelles et jeunes avec le même bonnet mais brun roux.

 

Fauvette noire - ©Flickr

 

Autre arrivant repérable d’abord à son chant, le serin cini. Un tout petit oiseau gris rayé avec du jaune aux ailes  qui émet une stridulation régulière très aiguë. Souvent perché sur les fils, on peut le confondre avec le chardonneret, beaucoup plus coloré et au chant différent qui arrive peu après lui.

 

Serin cini - ©P.M Epiney (Flickr)

 

Parmi les timides discrets et cette fois au chant difficile à reconnaître sauf pour les spécialistes, le pouillot fitis fait lui aussi partie de ces premiers arrivants remontant d’Afrique pour passer l’été chez nous. Gris olive et fort menu, il circule dans l’ombre des arbres, plutôt en hauteur et ne se repère qu’à son agitation incessante.

 

Pouillot fitis - ©Gaëtan Mineau (Flickr)


Et pour les impatients des beaux jours, les hirondelles font leur arrivée par vagues successives, d’abord présentes sur le lac et dans les roselières puis partout en fonction des premiers vols de moucherons et autres moustiques.
Pour les amateurs  et observateurs attentifs, l’ordre de succession d’arrivée dans la famille «hirondelle» est souvent le suivant :  martinet  alpin  (grand, très rapide, ventre  blanc),  hirondelle   de  rochers   (petite,  brune,   collier  clair),   hirondelle   de fenêtres  (noire et blanche) puis  hirondelle de  cheminée  (la «classique avec ses longs filets de queue).
Et comme  d’habitude, il   est   toujours   utile  de  noter   les   observations, la date et l’endroit. C’est aussi un moyen simple de suivre l’évolution des saisons et les effets du changement du climat.

Faux et usage de faux

16/05/2021

Faux et usage de faux

Samedi 15 mai 2021, malgré le long week-end de l’Ascension, une dizaine de chablaisiens, interpellés par le sujet du fauchage manuel, sont venus à Neuvecelle, armés de leur faux, pour en découdre avec les herbes hautes d’un jardin prêté pour l’occasion.
Delphine nous a présenté l’outil, ses subtilités, les différentes lames, la meilleure façon de taper sa faux. Les échanges avec les pratiques déjà existantes ou naissantes ont été fructueuses. Adresses utiles et documents de référence ont été partagés par la suite.

d'abord : régler

 

puis : aiguiser

 

et si besoin : battre

 

Christian nous a donné ses trucs de faucheur de longue date, Jean a prêté le banc à battre la faux, fabriqué par son père, Jacqueline s’est inquiétée de n’avoir pas de poignée haute, d’autres s’interrogeaient sur la ligne en vague du fil de leur faux, ou de l’impossibilité (apparente) de démonter leur lame. 

 

 

Banc à battre la faux et morceau de rail pour reprendre le fil

 

les bons outils pour taper la faux 
(martelet, enclumette et morceau de bois pour ne pas déformer l’enclumette)

 

Les gauchères ont excellé dans l’ambidextrie, et très vite chacun a compris la différence entre un fauchon et une faux mixte, et est devenu incollable sur les qualités comparées des pierres à aiguiser.

 

Un coffin de famille

(empli d’eau il se porte à la ceinture pour mouiller la pierre à aiguiser)

 

La partie pratique ayant lieu 200 mètres à l’ouest du point de ralliement, le voisinage a vu passer, quelque peu intrigué, les joyeux faucheurs, lame à l’épaule. Sûre que la rue n’avait pas vu ça depuis bien des décennies. Tranchant oblige, les distances de sécurité ont été respectées…

 

 

Comme pour tous les ateliers de L’agastache depuis l’hiver dernier, la météo nous a offert une trêve de pluie, et chacun a pu tester ses nouvelles connaissances sur le terrain. 

 

 

Une bonne odeur de menthe, d’origan sauvage et d’herbe fraichement coupée s’est vite élevée du jardin. Quelques faucheurs assis par terre, face à leur enclumette fichée en terre, osaient enfin battre leur faux, pour la bonne cause.

 

 

L’herbe restée sur place fera, aux prochains beaux jours, un foin précieux pour le paillage des jardins et la litière des poules.

 

 

Le terrain se prêtant bien à l’exercice, il y a de grandes chances qu’il devienne un champ d’expérimentation à l’automne prochain quand l’herbe aura repris de la hauteur. On prend vite goût à ces gestes amples et au bruit feutré de la lame sur les tiges hautes. 
On rêve déjà à toutes les belles matinées de fauchage que l’on va pouvoir faire, ici et là, dans l’avenir, clôturées par un repas goûtu au possible, comme L’agastache sait (et aime) vous en concocter.

 

Si on vous demande, sachez que l’on peut aussi écrire « faulx », c’est le dictionnaire qui le dit. Cela donne plus de noblesse à ce bel outil.

 

Pimprenelle, concombre masqué

29/04/2021

Pimprenelle, concombre masqué

 

La petite pimprenelle, Sanguisorba minor est une plante vivace aromatique de la famille des Rosacées, poussant en touffe rhizomateuse rustique, à port rampant avec des feuilles persistantes pennées en rosettes à la base, et des folioles très dentés. 

La pimprenelle doit son nom latin de Sanguisorba à ses vertus médicinales : sanguis (sang) et sorbere (absorber), elle serait capable de faire cesser les hémorragies, de cicatriser les brûlures, d’apaiser les coups de soleil et les petites plaies.

La pimprenelle est hémostatique (interne et externe), vulnéraire et diurétique. Ses propriétés astringentes calment la diarrhée et les troubles intestinaux. 

On pensait autrefois que la pimprenelle protégeait celui qui en portait sur lui, et préservait de la trahison. Dans les maisons, elle éloignait les maladies et les accidents.

 

 

La petite pimprenelle pousse spontanément dans les prés de terre pauvre, et elle n’a pas besoin de beaucoup d’eau. Ses petites fleurs sont autant de petits pompons rouge foncé au sommet de hampes. Elle fleurit de mai à septembre et pousse jusqu’à une altitude de 2 000 m. A Neuvecelle elle est bien implantée, y compris dans les plates-bandes de l’avenue de Milly, pourtant soumises à rude épreuve (mais ne la cueillez pas en bord de route, elle y subit trop d'assauts canins, poussiéreux et automobiles pour rester correctement comestible).

 

Elle était cultivée autrefois dans les potagers, comme condiment, au même titre que le persil. Pour retrouver spontanément la pimprenelle dans votre jardin, il suffit parfois d’espacer les tontes pour retrouver dans un espace laissé à lui-même toute la richesse botanique oubliée de nos gazons trop bien coiffés.

Vous pouvez aussi la semer au printemps ou en automne sous châssis froid. Ou bien en offrir au voisin en divisant les touffes. La pimprenelle résiste bien aux hivers rigoureux en terrains secs.
On récolte les feuilles de mai à septembre, et les racines à l’automne.
De petite taille, elle s’acclimate à la culture en pot sur un balcon ou une terrasse, dans un carré de plantes vivaces condimentaires, et même en bordure ou en rocaille. Un bon caractère en quelque sorte.

Pour bien la savourer, couper les feuilles au fur et à mesure des besoins. Celles-ci se consomment fraîches, car elles perdent leur bon goût de concombre en séchant.

Les pimprenelles sont utilisées quand leurs feuilles sont jeunes. Finement ciselées, elles rehaussent une salade ou un plat de crudités, et ajoutées à une soupe elles peuvent remplacer avantageusement l’épinard. 

 

 

Les fleurs, à la saveur de noix verte, agrémentent les salades, les fromages blancs aux herbes, les omelettes, les potages, les mayonnaises, les sauces.
La pimprenelle est un des ingrédients de la Frankfurter grüne Sauce (la sauce verte de Francfort).

 

 

Accueillons donc largement à notre table cette délicieuse semi-sauvageonne, riche en vitamine C, qui, pendant des mois et bien avant la récolte des concombres, nous offre la fraicheur de sa saveur piquante.

Et ne vous inquiétez pas, il est impossible de la confondre avec quoique ce soit d’autre, si ce n’est avec sa grande sœur Sanguisorba officinalis, la grande pimprenelle, qui a le même goût et les mêmes vertus. Qu’on se le dise !

 

 

Recettes express

 

Pimprenelle à la grecque
Du fromage blanc (ou du yaourt végétal)
Un bon bouquet de feuilles de pimprenelles, sel et poivre.
Effeuiller et hacher les folioles. Mélanger avec le fromage blanc. Saler, poivrer. On peut répartir la préparation dans des verrines ou la servir accompagnée de crudités et de tranches de pain grillé. Variante : ajouter une cuillère d’huile d’olive.

 

Tartinade de pimprenelle
Comme un pesto, en remplaçant le basilic par des feuilles de pimprenelle.
Soit : pignons de pin, parmesan râpé, huile d’olive, sel, gousse d’ail (facultatif), et un gros bouquet de pimprenelle. Mixer le tout. Déguster sur des crackers, du pain des fleurs, du pain grillé…